Une dystopie très prometteuse...

Impliqué dans des productions indiennes depuis un an environ, Netflix semble bien décidé à produire de autant de films et séries que possible. Sur le plan des séries nous avons déjà eu la saga thriller-politique-mafieuse qu'est Sacred Games, la mini-série en huis-clos horrifique Ghoul ou encore du sport avec Selection Day. Il est temps maintenant de présenter un des projets les plus prometteurs de Netflix en Inde : Leila. Basée sur un roman acclamé de Prayaag Akbar sorti en 2017, la série est réalisée par la très talentueuse Deepa Mehta à qui l'on doit notamment la trilogie des éléments (Fire, Earth, Water) ou encore des films comme Heaven On Earth ou Midnight's Children (adaptation de Salman Rushdie). Côté casting, la série réunit là encore des talents majeurs avec Huma Qureshi en rôle principal (Gangs Of Wasseypur, Badlapur, Dedh Ishqiya) mais aussi la star du sud Siddharth. Cette mini-série de 6 épisodes sera mise en ligne sur la plate-forme de streaming à partir du 14 juin. Découvrons ensemble la bande-annonce :

Ghoul nous offrait un aperçu de ce que pourrait être la dystopie indienne en se projetant dans un futur proche chaotique, Leila semble nous y plonger totalement. Oubliez la science-fiction lumineuse, ici l'immersion se fait dans un monde sombre, en débris, qui malgré l'avancée technologique supérieure est dirigé par les castes sociales et religieuses qui sont poussées à l'extrême et où un mariage en dehors de la "communauté" est un acte criminel. Les thématiques sont posées d'emblée : totalitarisme, extrémisme religieux, nationalisme et idéaux de "race pure". Un monde où les enfants n'étant pas "purs" dans leur communauté sont enlevés à leurs parents - une idée écrite en 2017, certes, qui semble tristement juste dans les révélations internationales de ces derniers mois. L'esthétique grisonnante, poussiéreuse, n'est pas sans rappeler celle du fabuleux Les Fils de l'Homme d'Alfonso Cuaron. En rôle principal, Huma Qureshi semble à la fois désemparée et déterminée, incarnant parfaitement la violence psychologique dans laquelle se trouve son personnage. Au final, c'est une bande-annonce extrêmement prometteuse que nous offre Leila et tout porte à croire que la réalisatrice Deepa Mehta a maîtrisé son projet avec le talent qu'on lui connait. S'il est dommage de se dire qu'il aura fallu attendre Netflix pour enfin voir de la pure dystopie politique en Inde, on ne peut que se réjouir de voir que les talents du cinéma d'auteur sont les premiers à profiter de l'occasion pour exprimer leurs ambitions sans se soucier uniquement du public et des économies locales mais en visant plutôt l'international.