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A. Kashyap : "Hollywood est le Mc Donalds de la violence"

 

Le cinéaste s'exprime sur une thématique importante...

 

Qu'il s'agisse de son premier film interdit Paanch, de l'excellent Raman Raghav 2.0 (actuellement dans les salles françaises sous le titre The Mumbai Murders), de son dytique culte Gangs Of Wasseypur ou de sa série Netflix événement Sacred Games (Le Seigneur de Bombay), Anurag Kashyap est la figure majeure du cinéma indépendant en Inde mais aussi le pionnier d'un cinéma cru et violent. Une violence caractéristique qu'il aborde souvent avec cynisme, mais aussi un réalisme marquant qui en choque plus d'un au pays des masalas d'action grotesques. Le cinéaste s'est ainsi exprimé sur la thématique de la violence lors d'une récent interview et a évoqué la différence entre la violence de ses films et celle des productions Hollywoodiennes. "(Hollywood) emprunte de partout et rend l'ensemble plus acceptable et commercial mais personne n'explore vraiment la violence à part quelques films d'exploitation. Ils savent comment commercialiser tout, c'est le Mc Donalds du jeu d'acteur et de la violence" affirme-t-il avec une honnêteté lucide. Le cinéaste a également critiqué les films de super-héros qui, à son goût, célèbrent et glorifient la violence plutôt que de la montrer en profondeur, sous un angle réaliste.

 

"(Dans les films de) super-héros la violence vous donne envie d'être un héros et de vous battre" a-t-il notamment déclaré avant de souligner la différence majeure entre cette violence mainstream et son cinéma. "Ma vision de la violence est de dégoûter le spectateur, de le déranger" résume-t-il. Et sur ce point on ne peut qu'être d'accord. The Mumbai Murders est une illustration parfaite de la plongée au coeur de la violence humaine la plus dérangeante qu'offre Anurag Kashyap. De plus, il excelle à la suggérer comme nous l'a prouvé son virtuose Ugly, portrait parfait de la perte d'innocence et de la brutalité aveugle du monde adulte face à l'enfance impuissante. Ce n'est pas pour rien que le cinéaste est toujours cités par les critiques dans la liste des artistes les plus brillants du cinéma indien. Après de telles déclarations, on ne peut que regretter qu'il n'ait toujours pas pu lancer son projet de super-héros sombre et brutal qui devait se faire depuis des années mais a été mis à l'arrêt après le tragique échec commercial du chef-d'oeuvre Bombay Velvet. Peut-être un futur projet à glisser dans l'oreille de Netflix une fois la deuxième saison de Sacred Games terminée ? En attendant, on retrouvera le cinéaste de talent en 2019 non seulement sur Netflix mais aussi sur grand écran avec le drame policier Gulab Jamun qui mettra en scène le couple Abhishek Bachchan et Aishwarya Rai Bachchan. Sortie prévue pour le début du mois de mars.

Commentaires (3)

AdeleP le 21/11/2018
C'est un peu réducteur. Il y a quand même une ancienne et grande tradition de réflexion sur la violence dans le cinéma hollywoodien - que ce soit chez Martin Scorsese (par ex. Gangs of New York, si on veut faire un parallèle thématique avec Gangs Of Wasseypur) et plus encore chez Sam Peckinpah dont les films sont extrêmement violents, ou encore dans un certain nombre de films de ou avec Clint Eastwood (par ex. Pale Rider, Gran Torino ou la série des Dirty Harry), ou de Quentin Tarantino, pour ne citer qu'un tout petit nombre d'exemples dont certains ne sont pas si anciens que cela. Mais il est vrai que la production dominante aujourd'hui à Hollywood ce sont les blockbusters de super-héros dans lesquels la violence, codifiée comme dans un jeu vidéo et donc désincarnée, n'est qu'un ressort de l'action. J'imagine que c'est à ceux-là que s'adressait (judicieusement) cette remarque de A. K.


eshabollywood le 21/11/2018
En effet, je pense qu'il parle du Hollywood moderne. Il insistait d'ailleurs sur le terme "mainstream". Kashayp est le premier à avouer son admiration pour Scorsese dont l'inspiration est évidente dans Gangs of Wasseypur ou encore Bombay Velvet. Je suis tout à fait d'accord avec tes exemples, excepté peut-être pour Tarantino qui utilise un peu trop à mon goût la violence comme argument stylistique, la "touche" Tarantino consistant à repeindre les murs de sang à chaque final, mais n'y ajoute que peu de message ou de critique. Avis purement personnel bien entendu, je comprends tout de même la fascination que son cinéma suscite !
En revanche côté blockbusters Marvel et Cie la violence est, comme tu le dis, désincarnée, c'est un argument. On n'attire le public qu'en détruisant des villes entières sans jamais peser le poids des morts, le poids de la violence.
http://eshabollywood.centerblog.net


AdeleP le 22/11/2018
Ok, je te le concède pour beaucoup de films de Tarantino (sauf, sans doute, pour Django Unchained) !


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